Lili Reynaud-Dewar, My Epidemic (small modest bad blood opera), une oeuvre présentée à la Biennale de Venise (2015)
Ce workshop mené par l’artiste Lili Reynaud Dewar propose une réflexion critique sur l’économie de l’art. Il s’inscrit dans le cycle « Nouvelles écologies de l’art » lié à l’axe de recherche “Pratiques culturelles matérialistes: économie de l’art, travail et redistribution” de la mention “Holobionte. Pratiques visuelles, expositions et nouvelles écologies de l’art”.
Le workshop tournera autour de cet endroit qu’est l’école d’art, et notamment celles, assez différentes que sont l’école de Grenoble où le workshop se tiendra et la HEAD de Genève où Lili enseigne depuis plusieurs années. Il s’agira de réfléchir à ce que nous y faisons réellement versus ce qu’on veut nous y faire faire, à tous les malentendus autour de ce concept d’école d’art, aux études dans le monde contemporain angoissé du futur, du travail, des injonctions, des images que les écoles voudraient donner d’elles-mêmes, etc… Afin d’appréhender la question « des études », le travail partira de la lecture collective de l’ouvrage de Fred Moten et Stefano Harvey dans Les Sous-communs, planification fugitive et étude noire (2022). On essaiera, sans nous forcer, d’être un peu dans la cave, le marais, le bayou, l’eau qui dort, de faire bouger – pas trop vite – les choses les moins visibles les moins efficaces.
On se posera plusieurs questions sur les rôles que l’on joue vraiment versus ceux que l’on aimerait qu’on joue dans l’école d’art. Les étudiant·es doivent-iels être des co-travailleureuses des enseignant·es ? Quelle est la relation entre l’hyper normativité de la carrière d’une artiste – telle que présentée par les écoles d’art et le milieu de l’art -, l’hypertrophie du marché de l’art, et les revendications portées par les travailleureuses de l’art ? Qu’est ce que l’on gagne et qu’est ce que l’on perd – en tant qu’étudiant·es et en tant qu’enseignant·es, à se projeter déjà en tant que travailleureuses de l’art ? Est-ce que l’on peut saboter la notion « d’études » – telle qu’elle est diffusée par l’école d’art en tant qu’institution – justement en étudiant, c’est-à-dire en étudiant trop longtemps ou trop flou ou trop vague ou trop sans but professionnel ?
Pour ce faire, chacun·e repartira de son propre parcours, de sa propre trajectoire, de ses attentes, de ses envies, de ses déceptions grâce à des entretiens menés en groupe. A ces récits de soi, s’entremêlera celui de Lili qui reviendra sur son parcours personnel et sur sa collaboration passée avec le collectif militant Wages For Wages Against et sa campagne pour la rémunération des artistes en Suisse et ailleurs. WFWA agit pour une économie alternative et plus juste de l’art et questionne les fondements idéologiques de la situation actuelle. WFWA vise à sensibiliser aux conditions du travail précaires, de l’exploitation et des discriminations dans le domaine de l’art par le biais de débats et d’actions publiques et collectives. Plus largement, le projet agit comme un agent de changement, en sensibilisant le public aux questions de société et d’égalité des chances afin de donner accès à la pratique artistique à des personnes qui ne peuvent se permettre de travailler gratuitement.
Basée à Grenoble, Lili Reynaud Dewar développe un travail de performances et de vidéos nourri de l’histoire des cultures militantes et alternatives. Son travail a été montré dans de nombreuses institutions internationales et son projet Rome, 1er et 2 Novembre 1975 sur les derniers jours de Paolo Pasolini a reçu le Prix Marcel Duchamp en 2021. Pour plus d’informations, voir: http://www.lilireynauddewar.com/ et https://www.emanuellayr.com/lili-reynaud-dewar/